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Cake day: July 4th, 2023

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  • Un dispositif largement dĂ©criĂ©

    Cette absence de cadre clair enraye un peu plus le dĂ©ploiement serein d’un dispositif dĂ©jĂ  rejetĂ© par tous les syndicats et par une majoritĂ© d’enseignants. Dans les Ă©tablissements, les oppositions restent fortes contre une mesure dĂ©criĂ©e pour ĂȘtre la dĂ©clinaison du « travailler plus pour gagner plus » appliquĂ© Ă  une profession qui alerte sur un important alourdissement de sa charge de travail.

    « Nous sommes des fonctionnaires de l’éducation nationale, nous avons passĂ© un concours qui nous donne droit Ă  un statut et cette forme de contractualisation y porte atteinte », dĂ©nonce aussi Sylvie (les personnes citĂ©es par leur prĂ©nom n’ont pas souhaitĂ© donner leur nom), professeure d’anglais en Bretagne. Dans son lycĂ©e, elle a signĂ©, comme une quinzaine d’autres enseignants, une pĂ©tition du SNES-FSU appelant Ă  ne pas adhĂ©rer au pacte. Comme beaucoup d’autres, elle s’alarme des « pressions » de la part de certaines directions racontĂ©es par des collĂšgues, et redoute que des tensions apparaissent dans les Ă©quipes.

    « Le pacte arrive comme une bombe dans les salles des profs oĂč la colĂšre des enseignants est grande », observe Lydia Advenier, proviseure d’un lycĂ©e Ă  Lyon et membre du bureau exĂ©cutif du SNPDEN, qui dĂ©plore un dispositif trop rigide et une mise en Ɠuvre trop prĂ©cipitĂ©e. Aucun des soixante enseignants de son Ă©tablissement ne s’est positionnĂ© en cette fin d’annĂ©e pour la moindre mission.

    « Ils ont opposĂ© un refus collectif Ă  un dispositif encore trop flou et qui ne correspond pas Ă  la revalorisation qu’on leur avait promise, rapporte-t-elle. L’exaspĂ©ration est d’autant plus vive qu’ils voient arriver tous ces moyens alors qu’ils rĂ©clament depuis longtemps des heures pour faire du soutien, des petits groupes, et qu’on ne nous les donne pas. »

    Les remplacements au cƓur des tensions

    Ailleurs, des enseignants ont acceptĂ© le principe, mais pas nĂ©cessairement pour se lancer sur les missions prioritaires pour le ministĂšre. Dans le second degrĂ©, l’idĂ©e de s’engager pour au moins dix-huit heures annuelles de remplacement de courte durĂ©e cristallise les tensions.

    « J’ai deux volontaires pour “devoirs faits” mais aucun pour la brique “remplacement”, qui crĂ©e vraiment un blocage », constate par exemple Nicolas Bonnet, principal d’un collĂšge Ă  Blanquefort (Gironde), secrĂ©taire dĂ©partemental du SNPDEN, qui doit rĂ©partir soixante-quatre briques pour cinquante-trois enseignants. « Quelle est la plus-value pĂ©dagogique de s’engager Ă  remplacer au pied levĂ© un collĂšgue d’une matiĂšre diffĂ©rente, devant des classes que nous ne connaissons pas ? », s’agace Thibault, professeur d’histoire-gĂ©ographie dans l’acadĂ©mie de CrĂ©teil.

    Le dispositif s’avĂšre particuliĂšrement pĂ©rilleux Ă  mettre en Ɠuvre au lycĂ©e, oĂč tous les Ă©lĂšves ne font pas les mĂȘmes spĂ©cialitĂ©s et viennent de plusieurs classes diffĂ©rentes. « Ça n’a aucun sens de faire remplacer une heure de tronc commun [comme le français, la philosophie ou l’histoire gĂ©ographie] par un prof de spĂ©cialitĂ© alors que tous les Ă©lĂšves de la classe n’ont pas choisi celle qu’il enseigne », dĂ©taille l’enseignant.

    Philippe, enseignant de 61 ans dans un collĂšge de la Manche, a hĂ©sitĂ©. Comme beaucoup, il fait dĂ©jĂ  des remplacements, mais pas Ă  hauteur de dix-huit heures annuelles. Il pourra continuer en dehors du pacte, mais sera payĂ©, comme aujourd’hui, environ 45 euros de l’heure, contre 69 euros avec le nouveau contrat. « C’est fou d’ĂȘtre payĂ© moins pour faire strictement la mĂȘme chose, mais on ne sait pas Ă  quel point on sera contraint si on signe, explique-t-il. Si je mets un doigt dans l’engrenage, j’ai peur que le bras parte avec. »

    Des stages mieux payés mais moins nombreux

    Des obstacles similaires existent en primaire pour l’intervention en 6e. « Je suis en classe quatre jours et demi par semaine, j’ai deux enfants et je travaille dĂ©jĂ  plus de quarante heures par semaine, c’est impossible d’aller en plus au collĂšge le soir, si tant est qu’ils mettent ces heures sur un moment oĂč je suis thĂ©oriquement disponible », rĂ©sume Julia, enseignante en maternelle Ă  Toulouse.

    « Le collĂšge est Ă  vingt mĂštres mais personne ne veut signer pour cette mission », rapporte aussi Thierry Pajot, directeur d’une Ă©cole de treize enseignants Ă  Nice. « Les enseignants volontaires dans mon Ă©cole sont ceux qui faisaient dĂ©jĂ  des stages de rĂ©ussite et qui veulent ĂȘtre payĂ©s mieux pour ce qu’ils font, pas travailler davantage », dĂ©veloppe celui qui est aussi secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat des directrices et directeurs d’école.

    Jean, professeur des Ă©coles de 40 ans en rĂ©seau d’éducation prioritaire renforcĂ© dans le RhĂŽne, n’accepte ainsi le pacte que pour les stages de rĂ©ussite. « J’aimerais refuser parce que, sur le principe, je suis contre, admet-il. Mais nous sommes un couple de fonctionnaires avec trois enfants et on a trop sapĂ© notre pouvoir d’achat, je n’ai pas d’autre moyen d’augmenter ma rĂ©munĂ©ration [2 400 euros nets]. » Le pacte lui rapportera 1 130 euros pour deux stages de douze heures, contre 360 euros le stage de quinze heures aujourd’hui. Lui qui a l’habitude de faire cinq stages de rĂ©ussite par an n’est toutefois plus sĂ»r de pouvoir en faire autant : il lui faudrait signer plus de deux briques, lĂ  oĂč son Ă©cole en a reçu seize pour treize enseignants (sur dix-neuf) volontaires pour ces stages.

    « Le temps politique n’est dĂ©finitivement pas celui de l’école, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour que ça marche », pointe Nicolas Bonnet qui compte, lui, six professeurs des Ă©coles volontaires pour intervenir en 6e, mais ne sait pas encore s’il pourra faire correspondre les emplois du temps.

    A la veille des vacances, la mĂȘme certitude est partagĂ©e par tous : le pacte – et les mesures qui en dĂ©pendent – s’appliquera de façon trĂšs disparate selon les Ă©tablissements, et rien ne sera en place avant la rentrĂ©e, voire le mois d’octobre.

    Eléa Pommiers


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    La mise en place chaotique du pacte enseignant dans les Ă©tablissements : « Ça arrive comme une bombe dans les salles des profs »**

    Qui signera, qui ne signera pas ? Le dĂ©ploiement du nouvel outil proposant des missions supplĂ©mentaires aux enseignants en Ă©change d’une rĂ©munĂ©ration forfaitaire se fait dans la confusion. A la veille des vacances, et alors qu’il doit ĂȘtre lancĂ© Ă  la rentrĂ©e, aucun texte officiel n’a encore Ă©tĂ© publiĂ©.

    PassĂ© le temps des annonces politiques, la question s’est installĂ©e dans les salles des professeurs : qui signera le pacte enseignant ? « Selon un sondage que nous avons rĂ©alisĂ©, nous espĂ©rons ĂȘtre au-dessus de notre objectif cible de 30 % d’adhĂ©sion », dĂ©clarait rĂ©cemment le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye. Mais aucun chiffre n’est encore remontĂ© du terrain, oĂč le dĂ©ploiement de ce nouvel outil permettant de proposer des missions supplĂ©mentaires aux enseignants en Ă©change d’une rĂ©munĂ©ration forfaitaire se fait dans la confusion.

    Dans les Ă©tablissements scolaires, on parle du « grand flou » qui rĂšgne encore Ă  quatre jours de la fermeture des Ă©coles, collĂšges et lycĂ©es. Alors que le pacte doit se mettre en place pour la rentrĂ©e, professeurs, directeurs d’école et chefs d’établissement attendaient toujours, mardi 4 juillet, la parution des textes officiels.

    « Nous avons vu passer des ordres et des contre-ordres tout le mois de juin Ă  coups de diaporamas et de foires aux questions, mais toujours aucune base lĂ©gale pour dire exactement aux collĂšgues Ă  quoi ils s’engagent », s’exaspĂšre Faustine Ottin, directrice Ă  Bruay-sur-l’Escaut, dans le Nord, oĂč deux enseignants sur douze « envisagent » d’adhĂ©rer au pacte.

    Le principe est connu depuis que le ministĂšre de l’éducation nationale a dĂ©taillĂ© le fonctionnement du dispositif au mois d’avril. Les enseignants volontaires peuvent choisir entre une et trois « briques » de missions dĂ©finies par la rue de Grenelle, chacune rĂ©munĂ©rĂ©e Ă  hauteur de 1 250 euros annuels pour un volume horaire compris entre dix-huit et vingt-quatre heures. En lycĂ©e professionnel, le pacte peut contenir jusqu’à six briques. Dans les Ă©coles, collĂšges et lycĂ©es gĂ©nĂ©raux, certaines d’entre elles, indispensables Ă  l’application de politiques gouvernementales, sont Ă©tiquetĂ©es comme prioritaires : l’intervention en 6e pour une heure de soutien pour les professeurs de primaire ; le remplacement de courte durĂ©e pour ceux du second degrĂ©.

    Des consignes qui diffĂšrent

    Sur le terrain, toutefois, ces grandes lignes ont laissĂ© en suspens une avalanche de questions aussi techniques que cruciales pour l’application du pacte et qui, en l’absence de dĂ©cret d’application, donnent lieu Ă  « une cacophonie d’interprĂ©tations locales », dĂ©plore Audrey Chanonat, secrĂ©taire nationale du SNPDEN-UNSA, majoritaire chez les chefs d’établissement.

    Selon les endroits, des informations diffĂ©rentes ont Ă©tĂ© donnĂ©es sur la participation des enseignants de maternelle au soutien en 6e, sur le pĂ©rimĂštre des projets ouvrant droit Ă  une rĂ©munĂ©ration au nom de la brique « projets pĂ©dagogiques innovants », ou encore sur l’éventualitĂ© de rĂ©munĂ©rer via le pacte les heures « d’autoremplacement » durant lesquelles les professeurs du second degrĂ© rattrapent leurs propres absences.

    Plus problĂ©matique, les enseignants et les directions ne savent toujours pas prĂ©cisĂ©ment s’il sera indispensable d’accepter une mission dĂ©finie comme prioritaire par le ministĂšre pour pouvoir prendre d’autres briques de pacte, comme les stages de rĂ©ussite pour faire de la remise Ă  niveau pendant les vacances, la participation au dispositif « Devoirs faits au collĂšge » ou la coordination de projets.

    « A priori, il n’est Ă©crit nulle part que ces missions sont obligatoires,* souligne Audrey Chanonat, principale de collĂšge Ă  Cognac (Charente)*. Par contre, on nous demande bien de distribuer d’abord les missions prioritaires, surtout le remplacement, et cela nous met dans des positions trĂšs inconfortables. »

    Un dispositif largement décrié

    Cette absence de cadre clair enraye un peu plus le dĂ©ploiement serein d’un dispositif dĂ©jĂ  rejetĂ© par tous les syndicats et par une majoritĂ© d’enseignants. Dans les Ă©tablissements, les oppositions restent fortes contre une mesure dĂ©criĂ©e pour ĂȘtre la dĂ©clinaison du « travailler plus pour gagner plus » appliquĂ© Ă  une profession qui alerte sur un important alourdissement de sa charge de travail.

    « Nous sommes des fonctionnaires de l’éducation nationale, nous avons passĂ© un concours qui nous donne droit Ă  un statut et cette forme de contractualisation y porte atteinte », dĂ©nonce aussi Sylvie (les personnes citĂ©es par leur prĂ©nom n’ont pas souhaitĂ© donner leur nom), professeure d’anglais en Bretagne. Dans son lycĂ©e, elle a signĂ©, comme une quinzaine d’autres enseignants, une pĂ©tition du SNES-FSU appelant Ă  ne pas adhĂ©rer au pacte. Comme beaucoup d’autres, elle s’alarme des « pressions » de la part de certaines directions racontĂ©es par des collĂšgues, et redoute que des tensions apparaissent dans les Ă©quipes.

    « Le pacte arrive comme une bombe dans les salles des profs oĂč la colĂšre des enseignants est grande », observe Lydia Advenier, proviseure d’un lycĂ©e Ă  Lyon et membre du bureau exĂ©cutif du SNPDEN, qui dĂ©plore un dispositif trop rigide et une mise en Ɠuvre trop prĂ©cipitĂ©e. Aucun des soixante enseignants de son Ă©tablissement ne s’est positionnĂ© en cette fin d’annĂ©e pour la moindre mission.

    « Ils ont opposĂ© un refus collectif Ă  un dispositif encore trop flou et qui ne correspond pas Ă  la revalorisation qu’on leur avait promise, rapporte-t-elle. L’exaspĂ©ration est d’autant plus vive qu’ils voient arriver tous ces moyens alors qu’ils rĂ©clament depuis longtemps des heures pour faire du soutien, des petits groupes, et qu’on ne nous les donne pas. »

    Les remplacements au cƓur des tensions

    Ailleurs, des enseignants ont acceptĂ© le principe, mais pas nĂ©cessairement pour se lancer sur les missions prioritaires pour le ministĂšre. Dans le second degrĂ©, l’idĂ©e de s’engager pour au moins dix-huit heures annuelles de remplacement de courte durĂ©e cristallise les tensions.

    « J’ai deux volontaires pour “devoirs faits” mais aucun pour la brique “remplacement”, qui crĂ©e vraiment un blocage », constate par exemple Nicolas Bonnet, principal d’un collĂšge Ă  Blanquefort (Gironde), secrĂ©taire dĂ©partemental du SNPDEN, qui doit rĂ©partir soixante-quatre briques pour cinquante-trois enseignants. « Quelle est la plus-value pĂ©dagogique de s’engager Ă  remplacer au pied levĂ© un collĂšgue d’une matiĂšre diffĂ©rente, devant des classes que nous ne connaissons pas ? », s’agace Thibault, professeur d’histoire-gĂ©ographie dans l’acadĂ©mie de CrĂ©teil.

    Le dispositif s’avĂšre particuliĂšrement pĂ©rilleux Ă  mettre en Ɠuvre au lycĂ©e, oĂč tous les Ă©lĂšves ne font pas les mĂȘmes spĂ©cialitĂ©s et viennent de plusieurs classes diffĂ©rentes. « Ça n’a aucun sens de faire remplacer une heure de tronc commun [comme le français, la philosophie ou l’histoire gĂ©ographie] par un prof de spĂ©cialitĂ© alors que tous les Ă©lĂšves de la classe n’ont pas choisi celle qu’il enseigne », dĂ©taille l’enseignant.

    Philippe, enseignant de 61 ans dans un collĂšge de la Manche, a hĂ©sitĂ©. Comme beaucoup, il fait dĂ©jĂ  des remplacements, mais pas Ă  hauteur de dix-huit heures annuelles. Il pourra continuer en dehors du pacte, mais sera payĂ©, comme aujourd’hui, environ 45 euros de l’heure, contre 69 euros avec le nouveau contrat. « C’est fou d’ĂȘtre payĂ© moins pour faire strictement la mĂȘme chose, mais on ne sait pas Ă  quel point on sera contraint si on signe, explique-t-il. Si je mets un doigt dans l’engrenage, j’ai peur que le bras parte avec. »